Les sous-vêtements des paysannes en Bretagne
Jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, les paysannes bretonnes, comme celles de toute la France et même d'Europe, portaient comme unique sous-vêtement une chemise longue avec des manches plus ou moins longues ou même sans manches.
Cette chemise longue assurait l'hygiène du corps et l'isolait de la robe.
Sur cette chemise était portée la robe avec le surcot (ou corselet) qui se fermait sur le devant par un jeu de laçage, de boutons ou d'agrafes.
Quand la jupe était séparée du corsage, un bourrelet rempli de crin ou d'étoupe était lacé autour de la taille ou encore cousu à l'arrière du corselet, afin d'assurer le maintien de la lourde jupe qui descendait souvent jusqu'aux chevilles.
Ce bourrelet adapté aux hanches s'appelait "liron" à Dol et "boudin" à Pléchatel.
Jusqu'à la fin du XIXème siècle, les femmes de la campagne ignoraient le port du pantalon (nous dirions aujourd'hui culotte), la chemise de corps étant suffisamment longue pour couvrir les cuisses.
Ci-dessus l'exemple d'une paysanne de l'Aven vers 1910 montrant sa chemise sous son corselet et son jupon à pois.
Les cotillons ou jupons des paysannes:
En Bretagne au XIXème siècle et durant la première moitié du XXème, les paysannes portaient, sous leur jupe, un jupon ou cotillon.
Le mot jupon porte parfois à confusion, car, dans les écrits anciens, l'auteur appelait jupon la jupe même. Il en était de même du cotillon.
Comme les autres pièces du costume, les jupons ou jupes du dessous ou cotillons des femmes de la campagne étaient la pièce de lingerie située sous la jupe habillée.
Ils étaient généralement confectionnés à la ferme en utilisant les matériaux produits localement, tels que la laine, le lin ou le chanvre.
Ils étaient le plus souvent en laine tricotée main, généralement écrue avec parfois des dessins à l'aiguille de même couleur.
Ils pouvaient également être confectionnés avec de la laine de récupération, la laine de mouton étant réservée pour le tricotage.
La région de Châteaugiron affectionnait vers 1900 les cotillons de dessous en flanelle tissée à Vitré avec des rayures horizontales à deux teintes d'ordinaire noir et gris, bleu et marron ou violet et noir.
Le bleu clair et le rouge étaient souvent faits à partir de laines neuves.
Un ou plusieurs jupons étaient courants à la campagne, qu'ils soient en tissus unis, à rayures, à pois ou à carreaux.
Ci-dessus une gravure réalisée vers 1832 pour l'éditeur Charpentier de Nantes et représentant un couple du bourg de Batz. L'épouse porte des jupons superposés qui dépassent du bas de la jupe et descendent aux chevilles.
Les cotillons pouvaient être également en toile de lin écrue ou de couleur, unie ou parfois semée de fleurettes ou en tissu à larges rayures multicolores pour les jours de fêtes.
Dans certaines régions et suivant la saison (et notamment pour se protéger du froid), les paysannes pouvaient porter sous leur jupe, un ou plusieurs jupons, appelés également jupes du dessous.
Ces dessous avaient une fonction d'hygiène et de protection contre le froid, avec parfois dans certaines régions un souci esthétique par la présence de couleurs vives, telles que le rouge, le jaune ou le bleu.
Pour le tout aller dans le Morbihan, les femmes teignaient la toile à l'aide d'un « bouillon » formé d'eau croupie et de « bran de scie » (à savoir, de la sciure de châtaignier).
Cette toile assez grossière était appelée « réparon» en Ille-et-Vilaine.
Des gens de Theix et de Plunenet se souvenaient que les femmes du Vannetais portaient vers 1887 des jupons de couleur rouge.
Ci-contre le détail d'une autre gravure vers 1832 de l'éditeur Charpentier de Nantes et située par l'éditeur à Saillé (Loire-Inférieure à l'époque).. Ayant pu voir le dessin original fait par le dessinateur missionné par l'éditeur, ce dernier précise que cette femme en tenue de fête est du bourg de Batz..
Elle porte, sous son manteau (robe du dessus ouverte et sans manches), une robe de laine écrue et aux manches bleues et en dessous un ou deux jupons également écrus).
Les jupons achetés dans le commerce par nos paysannes bretonnes dès le début du XXème siècle étaient en toile de lin plus ou moins fine ou encore en laine puis en coton fin ou molletonné.
Dans le Grand-Ouest, les principaux tissus de laine étaient la toile, la serge (production de la côte de la Manche, du Porhoët et du pays nantais), mais aussi la flanelle, à laquelle on attribuait des vertus protectrices contre plusieurs maladies dont le choléra.