ANNEES FOLLES A TREGASTEL

Les années folles à Trégastel

Je me présente, mon prénom est Jeanne, je suis née en 1915 et je serai votre guide
dans l’exposition qui a eu lieu au Palais des Congrès de Trégastel en 2012 et qui retrace l’évolution de la mode féminine entre 1919 et 1929.

Au préalable, je laisse la parole à Daniel qui va vous faire un résumé des conférences présentées sur le thème des "Années Folles".

Introduction

Dès 1907, le graveur-décorateur Eugène GRASSET publiait une "Méthode de composition ornementale" qui déclinait des formes géométriques tranchant avec les ondulations du style ART NOUVEAU de la Belle Epoque.

Pour la Belle Epoque, cliquez ici

En 1908, Paul IRIBE dessinait pour Paul POIRET un album de mode dont l'esthétique frappait le milieu parisien par sa nouveauté.

Le Salon d'Automne de 1910 voyait l'invitation d’artistes munichois qui avaient adopté des formes strictes et dépouillées apparues dans les années 1900 en Belgique, Allemagne et Pays-Bas.

L’art déco

L’article "Le Nouveau style", paru en 1913 dans la revue "L'Art Décoratif "avait appelé à une « simplicité volontaire », à une « matière unique » et à une « symétrie manifeste". Enfin la même année avait été inauguré le théâtre des Champs-Élysées dont la construction en béton avait été confié à Auguste PERRET.

Le Paris de 1909 découvrait les ballets russes de Serge DIAGHILEV inspirés des « Mille et une nuits", mêlant danse, musique et peinture. Les costumes créés par Léon BAKST invitaient au luxe et à l'exotisme, avec la mode des éventails, des plumes et des couleurs vives et insolites.

Sitôt les conflits terminés, la vie culturelle renaît en France. Le style "Art Déco" prend son plein épanouissement au cours des années 1920 et tire son nom de l'Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes qui se tient à Paris en 1925.

Ce nouveau style aura une diffusion mondiale et se développera sous toutes les formes dans les arts plastiques, les arts décoratifs, l'architecture, le design et la mode.

La France des Années folles est largement influencée par diverses pratiques culturelles provenant de l'étranger suite au brassage de population généré par la guerre 14-18.

Les années folles et le spectacle

L'une de ces influences les plus marquantes est le rag qui est rapidement appelé jazz et qui connaît une ascension et une popularité spectaculaires à Paris. Ce genre de musique, importé par l'armée américaine, connaît un vif succès en 1925 sur les Champs-Élysées avec « la Revue nègre » animée successivement par Florence MILLS, dite « Flossie Mills » et par Joséphine BAKER au rythme du charleston.

De nouveaux rythmes font leur apparition, tel le tango. Le Music-hall remplace définitivement le café-concert.

L’aspect populaire

Parallèlement à cette culture des élites qui caractérise les Années folles, on voit naître dans le même temps à Paris, une culture populaire, avec les débuts de Maurice Chevalier et de la meneuse de revue Mistinguett.

La radio joue un rôle prépondérant en devenant le vecteur privilégié de la nouvelle culture de masse. Elle permet, au travers des premiers disques 78 tours, de faire connaître auprès des classes populaires les vedettes du cabaret et du music-hall. L'autre grand média culturel alors en pleine expansion est le cinéma.

Le style ART DECO déclinera après le krach boursier de 1929 à Wall Street qui annonce la fin de cette période d'insouciance.

La mode féminine:

Je ne peux de priver de vous présenter mon minois à cette époque.

Enfant né pendant la Grande Guerre mondiale, je n'ai pas le souvenir des vêtements qui pouvaient être portés durant cette triste période. Je porte ici une robe de mousseline blanche à broderies anglaises et à petits plis plats à la taille. Je suis coiffée d'un bonnet de fine dentelle mécanique acheté " Aux Milles et Une Nuits" rue de la Chaussée d'Antin à Paris. ...

Présentée chronologiquement, les photos que j'ai conservées et qui vont suivre vous permettront de suivre l'évolution de cette mode dite des "Années Folles", mode commune aux fillettes, jeunes filles ou jeunes femmes.

Ma sœur Josépha voit le jour en 1919. Sous une brassière en piqué de coton, elle porte une robe en soie rose avec incrustation de dentelle façon Valenciennes. L'encolure est fermée par un bouton de rose en ruban et tige en queue de rat.

Ma tante porte à l'occasion de son voyage en Haute-Bretagne un tenue de bord de plage en toile de lin bleu lavande composée d'une jupe et d'une blouse à jaquette plissée. Cet ensemble est représentatif de la transition vestimentaire du début des années 20 avec la persistance du col montant et l'apparition du corsage blousant.

Ma cousine Marguerite étrenne une robe d’été qui sied bien aux jeunes filles à la mode en ce début des années 20. En lin saumoné à effet de faux deux pièces, cet ensemble est constituée d’une robe couverte d’une tunique plus courte brodée de motifs floraux et bordée de volants.

A l'occasion d'un séjour à Saint-Malo, ma mère se fait photographier sur le Sillon en élégante robe de « style » en mousseline de lin blanc brodée main de motifs géométriques en deux teintes de bleu. A noter les lignes classiques de cette robe choisies par cette société bourgeoise rennaise qui n’adhère pas encore à la nouvelle mode androgyne des Années Folles.

Toujours à Saint-Malo, mais à l'occasion d'une réception à la villa, ma mère a fait réaliser par sa couturière une robe en taffetas de soie imprimée dans l'esprit des "robes de style" de Jeanne LANVIN, mais en y ajoutant quelques fantaisies personnelles et en accentuant la ligne des hanches dans le goût des nouvelles créations de Paul POIRET.

En 1923, mes parents sont invités à Brest au mariage de ma tante qui s'est fait couper les cheveux "à la garçonne" et qui a choisi une ravissante robe de mariée en organdi ivoire avec effet de surjupe.

Pour les quatre ans de ma soeur Josepha, notre couturière a réalisé une charmante robe d'été en organdi rose et vert pâle, alliant l'ingéniosité du transparent et la modernité de la diagonale d'applications aux nuances plus soutenues.

Le style de Années Folles s'étend maintenant à toutes les classes sociales et, entraînée par cette vague de libération du corps féminin, ma mère s'est achetée une superbe "robe à danser" décolletée. réalisée en toile de gaze, elle est entièrement brodée de minuscules tubes blancs et translucides et d’un décor de guirlandes de roses.

A la même époque, ma tante nous rend visite à Rennes. Elle porte à cette occasion une robe de ville toute simple réalisée par sa couturière dans un crêpe de fibranne imprimé de motifs Art Déco. L'encolure est soulignée par un col en point d'Irlande en harmonie avec les gants.

Pour cet après-midi de détente à la plage en 1929, ma mère s'est habillé d'une robe d’été en foulard de soie bleu ciel imprimée d’un semis de fleurettes. A noter l'effet de faux deux pièces rendu par ce fourreau couvert d’une tunique dont la ceinture marque la taille.

conclusions

Vous avez pu constater qu'après quelques hésitations dans la classe bourgeoise, la silhouette des années folles s'est transformée pour devenir une silhouette ni-ni : ni seins, ni fesses, ni hanches. On parle de « mode tube » ou de « silhouette planche ».

On se coupe les cheveux, on fait du sport, surtout du tennis, on conduit une voiture, on fume, on se prend presque pour un homme. La « « garçonne » porte le smoking.

La taille est basse et tombe sur les hanches. Sur les cheveux courts, on porte des tiares, des calottes et des diadèmes qui tombent bas sur le front.

Les tenues du soir brillent de mille feux, les broderies de perles sont vraiment superbes, bien que parfois un peu chargées.

Tout brille, y compris les talons des chaussures décorés de strass.
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La broderie de type Lunéville vit ces dernières heures avant de sombrer dans la tourmente de 1929.

J’espère que cette visite vous aura plu et que vous garderez un bon souvenir de cette petite Jeanne qui vous a servi de guide.

Je vous prépare un prochain article sur les tenues de bains...... Et pour l'illustrer, cette photo parue dans "The Hulton Getty Picture Collection" de Nick Yapp édité par Könemann.