Les modes au fil du temps

Introduction à l'exposition.

Rechercher des robes de maternité n'est pas chose facile et les présenter en exposition relève du défi.

Qu'à cela tienne, une certaine liberté dans le choix de nos thèmes d'exposition à Guingamp et l'idée d'y joindre des tenues de mariées sur la même période d'un siècle et demi entre 1815 et 1965 environ nous ont permis de répondre à notre envie de vous étonner de nouveau.

Le titre "OUI! Bientôt...." s'est très vite imposé à nous et le dessin de l'affiche s'en n'est trouvé que plus original.

Nous vous proposons donc une promenade entre mariage et maternité avec le souci de brosser les mœurs et coutumes de cette époque, tout en mettant en valeur la collection de Réjane et Daniel et les modes vestimentaires au fil du temps.

Exposition "OUI! Bientôt..."

Maternité en fin de siècle

Maternité en fin de siècle

Robe pour une maternité vers 1895-1898 en corsage blouse en coton à carreaux et jupe de lin blanc.

Avant le XXème siècle, la femme ne dispose pas de tenue tout à fait adaptée à son état de grossesse. Par exemple, le corsage se relâche et s'adapte mais demeure encore contraignant. Le rôle du corset devient peu à peu une aide pour porter l'enfant et il évoluera vers la gaine de grossesse.

En ce début de Belle Epoque, les corsets ou ceintures de grossesse ressemblent encore à des instruments de torture, mais ils commencent à faire l’actualité dans les journaux féminins et dans les articles avisés rédigés par des docteurs gynécologues ou par des obstétriciens de l’époque qui déclarent unanimement que « les corsets à la mode, qui soutiennent le ventre, au lieu de le repousser vers le bas comme les corsets d’autrefois, sont plutôt favorables à la grossesse ».

Notre future maman vers 1895-1898 a choisi pour cette tenue d’été et de jardin une jupe plus longue et évasée en lin blanc brodé de grosses fleurs. Elle en a simplement défait les pinces de taille pour ce début de maternité.

Le corsage en coton blanc à carreaux bleu et gris avec des manches gigot à larges poignets fermés est de forme blousante suffisamment ample pour absorber le gonflement de la poitrine et du ventre. Une fine ceinture cousue au corsage souligne une taille placée sous la poitrine.

Comme toujours, il est difficile de trouver des témoignages ou des sources à propos des classes sociales les plus modestes, alors qu'on regorge à cette époque de portraits et de pièces illustrant la maternité des femmes les plus riches.

Avant l'industrialisation de la mode, ces femmes faisaient avec les moyens du bord et adaptaient elles-mêmes leur garde-robe à leur état en pratiquant la couture. Se faire confectionner des vêtements spécifiquement pour la grossesse est resté longtemps un privilège pour une minorité.

un petit bonus

Photographies et rédaction par Réjane et Daniel Labbé (expo Guingamp 2014)

Clin d'oeil

Clin d'oeil

Mariage de styles - Naissance ou renaissance

Nous souhaitions terminer cette présentation en offrant l'opportunité à notre ami Romuald HERVÉ, couturier à Auray, de s'exprimer sur ce thème avec deux modèles qui avaient été intégrés au spectacle de "THE VERY BRAS STAL III" présenté en 2014 à Landerneau.

La mariée de gauche est inspiré d'un tableau d'Albert BARTHOLOMÉ vers 1881 et de notre robe de mariée vers 1895-1898.

La robe de droite est inspirée de notre travail de recherche sur la robe rouge de Bieuzy-les-Eaux et d'un croquis dessiné et aquarellé en 1844 par Hippolyte LALAISSE représentant une femme de Pluméliau.

Mariage dans les années 60

Mariage dans les années 60

Robe de mariée de 1965-1970 en ottoman de viscose blanc:

Les fiançailles sont toujours de rigueur et d’une durée plus ou moins longue selon les circonstances. Une réception a lieu en présence de la famille, et au cours du repas, le futur marié offre la bague à sa promise.

A partir des années 60, les couturiers adoptent des tissus dépouillés tels que l’ottoman à grosses côtes, les piqués de coton à côtes ou le taffetas à côtes.

La tradition veut que la couturière glisse une mèche de ses cheveux dans l’ourlet de la robe pour se porter bonheur.

Les manches sont longues ou trois-quarts et la ligne est épurée voire monacale, sans décolleté et souvent avec de multiples boutons (33 comme l’âge du Christ)

L’autre tendance est à la robe courte avec petit voile ou au tailleur-pantalon avec chapeau.

Voici une robe longue de mariée en ottoman à côtes en viscose blanc, le voile est court, le diadème tourne autour du chignon haut surnommé «choucroute » et le bouquet rond est à la mode avec des fleurs en tulle.

Mariage et maternité dans les années 50

Mariage et maternité dans les années 50

A gauche, une robe de mariée vers 1956 en viscose brodée de perles:

Le cortège de la mairie à l’église ne fait généralement à pied, la mariée est au bras de son père, elle est souvent précédé d'un page chargé de porter son missel ou son bouquet de mariée. Sa traîne est soutenue par les demoiselles d’honneur suivies par les parents puis les convives. Le marié clôt le cortège au bras de sa mère.

Le cortège de mariage peut également se faire en calèche ou en voiture. La mariée occupe la première voiture et s’assied à droite, son père et sa mère l’accompagnent. Dans la seconde voiture suivent le marié et ses parents.

Le voyage de noce, sitôt après le mariage à la mode anglaise ou six semaines après le mariage, reste de tradition avec le possible voyage à Venise et la lune de miel peut durer de 15 jours à un mois.

A la sortie de la Seconde Guerre mondiale et au cours des années cinquante, les femmes ressentent violemment le besoin de démontrer leurs aisances par des manifestations de luxe et de gaspillage.
Toutefois durant la même période, les revues de mode proposent des conseils pour le réemploi des robes de mariée en robes d’été, de cocktail ou de soir.
Cet aspect incite les couturiers à créer des robes de mariée en organdi ou en toile. Des maisons spécialisées dans la fabrication et la diffusion des robes de mariage comme PRONUPTIA offrent également ce service après-vente.

Cette robe de mariée vers 1956 en satin de soie blanche est relativement sobre avec uniquement des perles de tube au décolleté. Une petite cape en mohair viendra cacher ce décolleté et les épaules lors du passage à l’église.

A droite, un ensemble d’après-midi élargie pour un début de maternité vers 1957:

La femme « mondaine » en début de maternité portait le soir le croisé noir taillé dans un tissu souple et tombant, comme le jersey ou les crêpes de laine, de soie ou mélangé mais lourd. Dans ce contexte et face aux nouvelles exigences de la future mère, Yves Saint-Laurent lance la ligne trapèze qui s’adapte à la pré-maman.

La femme enceinte s’habille avec un souci de la plus grande commodité, en abolissant les modes déraisonnables et les contraintes inutiles. Elle choisit des habits de ligne souple qui retombent doucement le long du corps.

Voici un ensemble prêté par le Musée de la Mode à ALBI. Cette robe d’après-midi en soie nacrée a été élargie pour un début de grossesse.

Mariage des années 40

Mariage des années 40

Robe de mariée 1943 en rayonne blanche et fillette en robe d’été en coton imprimé :

A partir de 1930, les mariées tiennent dans leurs mains des gerbes de fleurs fraîches, généralement des lys blancs disposés en cascade et agrémentés d’asparagus retenus par un tulle.

Les années de guerre sont des années de rationnement, les faire-parts sont imprimés sur papier pelure, le tulle et les textiles raffinés sont rares, Beaucoup de femmes se marient en tailleur aux épaules carrées, d’autres récupèrent la soie des parachutes et d’autres empruntent la robe de leurs aînées ou taillent dans une ancienne traîne ou dans un voile.

La robe de la mariée est donc sobre, seules les coiffeurs s’en donnent à cœur joie pour donner du volume aux coiffures, les cheveux sont frisés, permanentés et les chignons sont hauts.

Ici cette robe de mariée a été confectionnée dans un satin de soie blanc de très belle qualité et sans rechigner dans son amplitude.
Le fait d’avoir des parents marchands de tissus à Paris peut régler le problème de pénurie de matière première.

Néanmoins un début de grossesse a amené le couturier à adapter cette robe notamment par un léger remonté de la taille et un généreux drapé.
De même, le jour du mariage et devant le gonflement de la poitrine, une habile petite main est venue coudre bord à bord l’ouverture boutonnée du haut de robe pour éviter un bâillement du vêtement.
Le gros bouquet ou une jolie gerbe de fleurs peut avoir son intérêt lorsque l’on veut dissimuler un début de grossesse au moment du mariage.

Maternité aux Années Folles

Maternité aux Années Folles

Robe pour maternité vers 1921 en crépon de coton.

A cette époque, il est conseillé aux jeunes femmes enceintes de s’habiller de façon à ce que qu’aucun habit ne les comprime et surtout de façon à passer inaperçu. Les habits doivent être simples, lâches, souples et neutres, d’autant que les grands couturiers ne proposent aucune solution exclusive pour la maternité.

L’émancipation de la femme amorcée par l’action concrète et active des femmes pendant la guerre met en évidence une évolution rapide dans un nouveau monde productif et industriel, ce qui entraîne une transformation profonde dans la vie de la femme.
Cette femme se libère du rôle séculaire de poupée et affirme sa propre personnalité, sa propre intelligence et réclame son propre droit à la parité civile, sociale et politique.

Avec la Grande Guerre, il a été bon ton d’économiser les matériaux employés et de limiter la gamme chromatique disponible.

En voici un exemple avec la teinture en bleu d’un coupon de crépon de coton blanc et la confection de cette robe de maternité réalisée par la couturière de la famille.

Mariage aux Années Folles

Mariage aux Années Folles

Robe de mariée vers 1921 en satin de soie ivoire et dentelles:

Le « coup de foudre » et le mariage d’inclination n’apparaissent qu’entre deux guerres, la population urbaine devient majoritaire, mais dans les classes bourgeoises la demande en mariage est encore faite aux parents par le prétendant en gants blancs

Entre les deux guerres, le repas est organisé dans des hôtels et au restaurant.

La silhouette des années folles, c'est une silhouette ni-ni : ni seins, ni fesses, ni hanches.
Une mode tube, succédant à la mode tonneau. On parle aussi de "silhouette planche".
Protagonistes des Années Folles, les femmes ont les cheveux coupés à la garçonne et endossent des robes fourreaux qui glissent sur leur corps sans le mouler avec des ceintures au niveau des hanches.

Cette robe sur mesure a été commandée à la couturière de la grande ville. Son encolure bateau est garnie de laizes de soie ivoire et les manches longues finissent au poignet par un effet de volant plat ouvert en pointe, laissant apparaître un second volant de même. Le bas de la robe en asymétrie est garni d’un large volant de laize et la longue traîne en satin de soie part des épaules.

Le long voile en tulle de coton et soie ivoire est posé en effet de casque et il est maintenu par une couronne en fleurs d’oranger et garni de deux bouquets.

Les modes au fil du temps

A gauche, une robe d’intérieur pour maternité et allaitement vers 1900-1905 en mousseline de soie:

La robe dite « Reforme » prônée dès les années 1880 par les hygiénistes et les moralistes de l'Europe du Nord fait des apparitions de plus en plus fréquentes en vertu de considérations rationnelles et à des principes d'hygiène.
Les revues soulignent que ces habits semblent réalisés expressément pour les femmes qui attendent un enfant ou pour les femmes dites « grasses ».

La femme en fin de maternité ne sortira guère de sa demeure et recherchera le repos en portant volontiers un tea-gown, une robe d’intérieur faite généralement dans un tissu souple, à la fois confortable et élégant, comme ici en mousseline de soie noire, en pongé de soie et en dentelles.

Cette robe griffée d'un grand couturier allemand est parfaitement adaptée pour une maternité et pour le futur allaitement. A partir de 1900, les médecins conseillent aux jeunes mères d’allaiter leur progéniture, les nourrices ayant la mauvaise réputation de couper d’eau leur lait.

Au centre, une robe des Grands Magasins pour maternité vers 1905 en foulard de soie imprimée :

Lorsqu'il est devenu possible de produire industriellement des vêtements et d'en faire baisser les prix, la perspective de fabriquer en nombre des vêtements de maternité est apparue dans l'esprit de nombreuses marques.

En effet, l'argument selon lequel les femmes ne dépenseraient pas d'argent pour si peu de mois est vite devenu dépassé. Sans compter que l'espérance de vie de ces habits se prolonge au-delà de la grossesse. Non seulement la femme qui a accouché ne retrouve pas son corps d'avant en quelques jours mais les vêtements existants s'adaptent également à l'allaitement. Il devient donc plus tentant d'investir dans ces habits évolutifs.

Pour cette tenue de promenade en ville, cette femme enceinte est vêtue d’un ensemble en foulard de soie imprimé acheté au Bon Marché, l’un des premiers Grands Magasins Parisiens créé par les époux BOUCICAUT.

A droite, un ensemble d’été de confection pour maternité vers 1905 en coton blanc imprimé:

Les exigences de la mode sont rarement propices aux formes des femmes enceintes, sauf si la taille est placée sous la poitrine.

Cette tenue de femme de la ville et de condition moyenne a été confectionnée dans un tissu en coton blanc imprimé de feuilles rouge et marron, il s'agit d'un ensemble jupe et corsage porté encore sur un corset.

Maternités à la Belle Epoque

Maternités à la Belle Epoque

Ensemble d’été vers 1900 remaniée par maternité en 1910 en toile de lin et filet.

A la fin du XIXème siècle, le mouvement artistique de l’ "Art Nouveau" ou " Liberty" a réussi à entraîner la mode dans cette proposition reliant l’artisanat et l’art. Il se développe une silhouette souple, pratique, libre et sans entrave et en même temps très féminine.

On assiste à la renaissance de la robe « Empire », qui va s’affirmer de plus en plus, malgré la persistance de la ligne en « S » caractérisée par l’opposition assez ridicule des rondeurs poitrine-fesses.

De même, un manuel pratique pour couturières rappelle dans un bref chapitre que l’on doit pouvoir facilement élargir sa robe et l’allonger de façon à pouvoir à tout moment la modifier suivant les changements du corps jusqu’à la naissance de l’enfant.

Notre future maman est ici vêtue d’ensemble d’été en toile de lin et filet brodé qu’elle a remanié pour son début de maternité

Mariage à la Belle Epoque

Mariage à la Belle Epoque

Robe de mariée vers 1910 en satin de soie et dentelle ivoire.

Les fiancés entretiennent une correspondance faite de cartes postales de fêtes, de 1er avril et d’amitiés ou ils se transmettent des messages dans des billets doux.

Les parents et amis absents de la noce envoie par voie postale des souhaits de bonheur sous forme de cartes de félicitations et de vœux de bonheur.

En 1913, la moyenne d’âge des mariés en France est de 23 ans pour la femme et de 28 ans pour l'homme. Dans la haute bourgeoisie, l’écart est bien plus important.

La silhouette des femmes de la Belle Époque se caractérise par des lignes souples, des courbes, des volutes et des dentelles, dans l'esprit direct de l'Art Nouveau.
La robe de mariée exposée est en satin de soie, doublé de laizes de dentelle ivoire cousues sur le corsage blousant et en dégradé sur toute la hauteur de la jupe. Les manches trois-quarts sont bordées d’un bouillonné de mousseline et d’un volant de tulle.

D'une façon générale, la jupe a perdu de son ampleur de façon assez régulière, tandis que le haut du corps, après avoir commencé à s'élargir pour compenser les manches gigot des années 1895, s'est mis lui aussi à s'amincir.

Mariage en fin de siècle

Mariage en fin de siècle

Robe de mariée vers 1895-1898 en satin de cuir en soie ivoire et perles.

A la sortie de la messe, la tradition rurale de jet de graines de céréales s’étend à la ville par un lancer de grains de riz sur la tête des époux en souhaits de prospérité et de fertilité.

Le choix des parures sur la robe de mariée ne se porte plus sur les galons et les franges mais vers les perles, les dentelles, les plastrons ou les bouillonnés.

C’est la grande période des photographies des couples mariés dans le studio d'un professionnel.

La jarretière, cet accessoire permettant initialement la fixation des bas, est devenu l’élément de la panoplie de la mariée, bien attesté dans tous les milieux. Sans doute faut-il y voir une résurgence des gestes accomplis lors des mariages par procuration au XVIIème siècle où il suffisait de toucher la cuisse de la femme pour conclure l’alliance.

Notre robe de mariée de la période 1895-1898 est un ensemble deux pièces en satin de soie ivoire avec traîne. Le corsage baleiné est agrémenté de dentelle et de mousseline parsemée de perles soufflées et les manches gigot sont resserrées sur l’avant-bras. La jupe est décorée de deux galons verticaux de perles soufflées comme le tour de la ceinture.

Il est toujours de tradition de porter le voile de mariée qui peut être de famille, comme dans le cas présent où notre mariée a choisi le voile porté vingt ans plus tôt par sa mère.
Notre mariée tient à la ceinture un bouquet éventail composé de muguet au naturel et elle porte un bouquet de poitrine en fleurs d’oranger comme le diadème. A noter que la confection en atelier des fleurs artificielles d’oranger a pris son plein essor vers 1890.

Maternité sous le IIIème République

Maternité sous le IIIème République

Robe pour maternité vers 1885 en toile de Nîmes bleue.

La coupe des vêtements de la femme à cette époque et les lignes corsetées en cuirasse s’avèrent totalement néfaste à l’état physique provisoire des femmes enceintes.

Le premier véritable vêtement de grossesse est apparu au milieu du 19e siècle, sous la forme d’une robe pour l’allaitement, les mentalités faisant toujours de la grossesse un état inavouable qu’il valait mieux dissimuler.

Sur une tournure et jupon, cet ensemble deux pièces de bord de mer vers 1885 en toile de Nîmes de couleur bleu clair s'orne de larges volants brodés blanc sur bleu au bas de la jupe, au pourtour du drapé à effet de tablier, au revers des manches et en haut des basques et sur le plastron au droit du boutonnage du corsage

Pour s’adapter au début de grossesse, pour arrondir le ventre et augmenter le tour de taille, la future maman a décousu les pinces du corsage-veste et a fait ajouter au devant de la jupe des pièces dans le même tissu.

Mariage sous la IIIème République

Mariage sous la IIIème République

Robe de mariée vers 1874 en ottoman de soie ivoire et vers 1879 en satin de cuir ivoire

Issu de l’ancien français « fleureter » ou « conter fleurettes", le mot « flirt » dans la forme anglaise, apparaît vers 1879.

La couronne, le diadème et le bouquet en fleurs d'oranger sont la principale parure de la mariée. La mariée les conservera dans son carton de livraison ou dans un cadre dans les foyers les plus modestes ou sous un globe dans les familles aisées.

En effet, depuis 1840, il est pratiqué la coutume du globe de mariée ou globe de mariage. Souvenir de leur félicité, le globe de mariée contient en général un vase de porcelaine blanche décorée de filets d’or, le bouquet et la couronne de la mariée déposés sur un coussinet de velours, la boutonnière ou le bouquet du marié et des décors symbolisant la paix tel que la colombe, l’attachement tel que la feuille de lierre, la fécondité tel que l’épi de blé et la fidélité tel que les miroirs. L'ensemble, protégé sous ce globe de verre, trônera en bonne place dans la maison durant toute la vie du couple.

Le grand couturier WORTH est célèbre pour avoir fait évoluer la silhouette féminine en remplaçant la crinoline par la tournure à partir de 1867, avec une période transitoire jusqu’en 1872.

Les deux robes de mariée ici exposées sont le reflet de cette nouvelle mode. Le choix des parures sur la robe de mariée se portera dans un premier temps sur les galons à franges, les plis et le pouf du manteau, les volants plissés et les nœuds en ottoman puis sur les satins épais, les jupons incorporés à la robe et les bas de robe en crénelures.

Maternité sous le Second Empire

Maternité sous le Second Empire

Robe pour une maternité vers 1865 en taffetas de soie couleur bleu encre.

Durant tout le Second Empire, les corsets cintrés et les crinolines sont à la mode et les tenues moulantes que la future maman élargit au fur et à mesure de sa grossesse, la font apparaître gauche et inélégante.

La maternité reste une affaire très intime pour les femmes et pour dissimuler un ventre émergent, elles ont recours heureusement aux grands châles enveloppants puis aux mantelets amples, aux pèlerines et autres capes qui vont couvrir et cacher cet embarrassant gros ventre.

Il règne par contre un silence total sur le sujet de la grossesse dans toutes les revues de mode. A croire que les femmes de cette époque avaient honte de leur future maternité. On continue de parler de « chemise de jour pour jeune femme », de « vêtements très pratiques en certaines circonstances » pour présenter des modèles de vestes blousantes ou de jupes larges avec de grands plis creux sur le devant.

On raconte, sans dater l’anecdote, qu’une collaboratrice de WORTH, étant enceinte, se confectionna quelques vestes amples avec volants. Dans un petit salon réservé aux femmes dans un état de grossesse avancée, le grand couturier présenta ses créations et notamment un modèle porté par une de ses mannequins également enceinte en prenant soin toutefois de couvrir son visage d’un voile pour « éviter toute gène ».

La maternité est certes globalement glorifiée mais il est tabou d'en parler surtout dans les milieux bourgeois puritains où le corps de la femme est regardé avec suspicion et s'orne de multiples artifices. Il faut également garder à l’esprit que ces préoccupations ne concernaient que les classes aisées.

Se faire confectionner des vêtements spécifiquement pour la grossesse restait un privilège pour une minorité, comme pour cette robe deux pièces (jupe et corsage) réalisée vers 1860-1865. On peut en effet observer sur les deux flancs du corsage une fente dotée de deux rangées d’œillets en bordure du tissu baleiné. Ce laçage latéral se desserrerait au fur et à mesure de ce début de grossesse faisant apparaître une pièce de même tissu que la robe.

Mariage sous le Second Empire

Mariage sous le Second Empire

Robe de mariée vers 1860-1863 en mousseline de Chambéry.

Dans les milieux aisés, sous la Restauration et le Second Empire, le mariage est une affaire des parents et non des jeunes filles. C’est un arrangement entre deux familles, ce sont deux fortunes qui s’épousent, deux études qui s’associent, deux usines qui fusionnent ou deux propriétés terriennes qui se regroupent.

Organisée par un ami ou une personne de confiance, la rencontre respectable entre les jeunes gens a lieu sous un prétexte quelconque. Un bal, une fête de charité ou une soirée au théâtre sont des occasions ou des lieux tout indiqués.

Au bout de trois entrevues, les parents estiment que les jeunes gens ont suffisamment pu s’apprécier et que la demande officielle peut être programmée. Le jeune homme est alors introduit dans la famille de la promise et les fiançailles sont célébrées à l’occasion d’un dîner. Le père présente le prétendant qui remet la bague de fiançailles à sa fiancée.

L’usage veut que le curé de la paroisse et deux témoins soient présents à ce dîner de fiançailles.
Petit à petit, la confection des bouquets de mariée en roses blanches et en myrte est remplacée par la confection par des fleuristes artificiels du bouquet, de la couronne ou de la guirlande en fleurs d’oranger pour la mariée et la confection du bouquet plus petit pour le marié.

En 1853, lors de son mariage avec l’empereur Napoléon III, Eugénie de Montijo, vêtue d’une robe de velours blanc et garnie de dentelle blanche, officialise l’usage de la robe blanche. Le voile de la mariée, la jarretière, la couronne et le bouquet deviennent les éléments de la tenue nuptiale.

Ces éléments se retrouvent donc sur notre robe de mariée réalisée vers 1860-1863 pour un mariage dans la haute bourgeoisie.

Cette tenue se porte sur un corset, une crinoline et de multiples jupons, comme il est de mode sous le Second Empire.

Maternité sous la Restauration

 Maternité sous la Restauration

Robe pour un début de maternité vers 1837 en taffetas de soie noire.

La période Restauration voit le retour des contraintes vestimentaires peu adaptées à la grossesse et notamment l’utilisation du corset élastique, certes plus souple qu’un corps à baleines mais qui va se raidir progressivement en modelant la poitrine et en moulant et comprimant de plus en plus la taille.

Au cours du deuxième quart du XIXème siècle, la taille à nouveau très mince revient à sa place naturelle, la mode prône les tailles de guêpe sur des jupes plus ou moins amples et gonflées de multiples jupons et elle s’avère hostile à l’état de grossesse. Tous les journaux de mode parlent de « jeune femme souffrante» ou de « jeune mariée » pour s’adresser à la femme enceinte, vu le jeune âge auquel généralement l’on procréait à cette époque.

Pour un début de grossesse, les femmes de l’époque continuent de porter le corset plus ou moins baleiné et elles vont chercher le moyen de modifier leurs vêtements pour s’adapter à leur état, notamment grâce aux coutures qu'il était possible de découdre.

La robe ici présentée est l’exemple même d’une modification pour un début de grossesse. La couturière de cette dame élégante réutilise en 1837 une robe antérieure en taffetas de soie noire et sépare la partie corsage de la partie jupe. Ces deux parties ne restent cousues ensemble que dans le dos. La partie corsage est baleinée et fermée sur le devant par des agrafes et la partie jupe dispose de multiples plis donnant l’aisance nécessaire pour le placement de ce début de maternité.

Maternité en mode Empire

Maternité en mode Empire

Robe pour une maternité vers 1815-1820 confectionnée dans un tissu du XVIIIème siècle.

Avec la disparition des contraintes des corps à baleines, il s’est imposé des lignes plus souples et plus libres et la taille se place jusque sous la poitrine. Durant le premier quart du XIXème siècle, la silhouette féminine est aux seins soutenus par une brassière, aux flancs soulignés par un corset élastique ou un corset à la Ninon.
Etre enceinte devient à la mode au point que certaines femmes, qui n’étaient pas enceintes, eurent envie de s’augmenter artificiellement leur ventre au moyen d’un petit coussin de crin, appelé « ventre postiche ».

Pour leur maternité et pendant des siècles, les femmes ont simplement adapté leur garde-robe et modifié leurs vêtements habituels. En effet, si l’on observe les modifications de coupe des vêtements de la femme au fil du temps, on voit apparaître et disparaître alternativement des tendances adaptables à la grossesse et d’autres absolument contraires à cet état physique temporaire.

En voici un exemple avec cette robe adaptée à la maternité vers 1815-1820, c’est-à-dire dans les dernières années de la mode Empire.

On remarquera que par souci d’économie et pour une maternité, cette robe a été confectionnée dans le tissu d’une robe de la fin du XVIIIème siècle, Ici point de mousseline de soie ou de coton, ni de percale ou de linon mais une simple toile de coton à larges carreaux imprimés.

La coupe de cette robe allie les tendances vestimentaires de l’Ancien Régime avec ce dos au plissé réglable par un cordon de serrage et celles de la mode Empire avec des lignes souples à l’antique et cette taille haute si caractéristique.
Les manches longues recouvrant le dessus de la main rappellent la mode Empire mais le déplacement de la tête de manche marque une évolution vers la mode Restauration.

Mariage en mode Empire

Mariage en mode Empire

Robe de mariée de 1815-1817 en soie façonnée blanc cassé.

En cette fin de mode Empire, il n’y a pas de robe de mariée à proprement parler.

Certes le concordat de 1801 a rétabli le mariage religieux, mais le code civil de 1804 a retenu la primauté du mariage civil sur le mariage religieux et sa célébration a lieu obligatoirement par un officier civil dans la commune de résidence et en présence de quatre témoins. La femme qui contracte un mariage reste encore soumise à l’autorité maritale.

Ce concordat fixe le déroulement de la cérémonie en empruntant toutefois certains traits au mariage religieux, la mariée portera par exemple sur la tête un fichu comme il est de coutume pour une cérémonie religieuse.

La publication des bans a lieu onze jours avant le mariage par un affichage en mairie et des bans criés trois dimanche de suite à la messe paroissiale. Ce délai permet d’organiser la cérémonie avec le prêtre de la paroisse et de faire le choix des témoins.

Le passage devant Monsieur le Maire a lieu avant le passage à l’église, avec signatures des époux et des quatre témoins, sur le registre d’état civil dans la salle des mariages.

A cette époque, le mariage civil puis religieux sont précédés, dans cette classe de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, du contrat de mariage, héritage de l’Ancien Régime.

Le contrat de mariage est suivi d’un dîner familial au cours duquel il est présenté la corbeille de mariage préparée huit à dix jours avant la cérémonie.