La coiffe des Filles du Saint-Esprit (1706-1954)

Les modes au fil du temps

Vitrines du Musée de Saint-Brieuc

En avril 2008, Madame Jeanne-Yvonne SIMON, conservatrice du Musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc,  confie à notre association LES MODES AU FIL DU TEMPS le soin de rafraichir plusieurs vitrines de la galerie du 1er étage du Musée et notamment celle des coiffes du pays de Saint-Brieuc.

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Coiffe des Soeurs de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit

Parmi les coiffes du Musée à remettre en état, il y avait la coiffe portée jusque dans les années 50 par les sœurs de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit.

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Gravure du milieu du XVIIIème

Celle-ci ressemblait à celle figurant sur la gravure illustrant le Léon (Saint-Pôl de Léon) dans l'ouvrage du marquis de Robien paru au milieu du XVIIIème siècle (1735 ou 1753?)

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La Congrégation

Mais avant de commencer notre travail de remise en état de la coiffe, nous décidons de rencontrer à Saint-Brieuc l'économe de la Congrégation.

Nous avons été reçu par Sœur Marie-Thé, qui nous a très gentiment montré une galerie de portraits de mères supérieures de la Congrégation, sans pour autant pouvoir les identifier. 

Elles nous a également montré des ouvrages relatant l'histoire de Marie BALAVENNE, de Renée BUREL, de l'abbé Jean LEUDUGER et de la Congrégation. 

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Vers 1919, les soeurs de la Congrégation en Belgique

Règle de 1706

A notre grande satisfaction, elle nous a présenté plusieurs exemplaires de coiffes que les sœurs avaient portées.

Dans les premières années du XVIIIème siècle et plus exactement le 8 décembre 1706, Marie BALAVENNE et Renée BUREL créent une Maison de Charité au port du Légué à Plérin près de Saint-Brieuc. 

Elles choisissent comme costume celui porté par les femmes de Plérin le jour de la procession de Marie. "Il est fait comme celui des femmes et des filles du commun, de toile propre et honnête, ni trop fine, ni trop grosse et qu’elles ne garniront point de dentelles".

Cette description est mentionnée dans la Règle de 1730 de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit au chapitre intitulé "De l’habillement des sœurs". 

Jusqu'en 1954

Jusqu’en 1954, ce costume ne subira aucune modification notoire et l’examen des dernières coiffes confectionnées entre 1930 et 1950 confirme qu'elles sont identiques à celles portées au début du XVIIIème siècle.

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Départ de Marie-Jeannette QUEFFÉLEC en 1950 de Saint-Brieuc
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Le serre-tête

Il s’agit d’un bonnet en toile de coton blanc non empesé recouvrant la totalité des cheveux.

Ce serre-tête est bordé d’un ourlet de 3cm de large dans lequel coulissent et se croisent deux lacets qui sont tirés pour resserrer cette coulisse.

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Le bandeau frontal (détail phot. Eugène LÉON)

Le bandeau frontal

Il s’agit d’une bande de toile fine de lin ou de coton blanc très amidonnée et de 6cm de large.

Il couvre la totalité du front et se noue à l’arrière de la tête par deux lacets. Il sert en outre de support dans le placement de la coiffe.

Une fois le bandeau frontal mis en place, les lacets du serre-tête sont croisés sur le sommet de la tête et se nouent dans le bas de la nuque. 

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Détail d'une photo vers 1950

La coiffe

Elle est constituée d’une passe tombant sur les épaules et d’un fond.

Le passe très amidonnée est en « toile à demi-fil » ou en étamine de lin ou de coton blanc .  Lors du repassage, la passe est pliée dans le sens de sa longueur.

Le fond est dans le même tissu. Il n’est pas amidonné et ne dispose ni de coulisse ni de lacet de serrage. Il ne semble pas avoir de fonction, il n’enveloppe pas les cheveux et se place donc replié à plat sur le serre-tête.

La coiffe se fixe uniquement par une épingle dans le serre-tête sur le sommet de la tête et se place très en avant du visage, empêchant ainsi toute vision latérale à la personne qui la porte.

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L'entendement

Il s’agit de la forme la plus archaïque des coiffes de Bretagne. Il est en calicot ou en toile de coton blanc et il est peu ou pas amidonné

Il comprend: 

•une passe ou visagière de forme rectangulaire et qui, lors du repassage, est pliée par la moitié dans le sens de sa longueur .

•un large fond avec bavolet et piécettes triangulaires. Il est cousu le long de la visagière et comporte deux parties séparées par une coulisse intérieure dans laquelle se croisent deux lacets de serrage se nouant extérieurement à l’arrière de la tête. La partie haute couvre la partie arrière de la tête et la partie basse couvre largement la nuque et les épaules.

L’entendement est fixé sur la coiffe par une seule épingle au sommet de la tête. 

Il couvre toute la longueur de la coiffe et une partie de sa largeur sur 5cm environ permettant ainsi une fixation de la passe de l’entendement sur la coiffe à l’aide de huit petites épingles d’environ treize millimètres (appelées modesties) et invisibles après le pliage de la passe de l’entendement

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Eugène LÉON, sa femme et ses enfants à Landivisiau

La coiffe et des photos au Musée

Nous vous invitons à visiter le Musée de Saint-Brieuc où vous pourrez voir cette coiffe que portait les sœurs de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit 

Plusieurs photographies de ces religieuses sont également  visibles dans les fonds des photographes Lucien BAILLY et Eugène LÉON

Les coiffes du pays de Saint-Brieuc

Les différentes coiffes portées dans le pays de Saint-Brieuc sont les héritières du serre-tête, de la coiffe et de l'entendement de la coiffe des Filles du Saint-Esprit.

Une conférence sur les coiffes du pays de Saint-Brieuc peut vous être proposée par l'association LES MODES AU FIL DU TEMPS.

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Rédacteurs: Réjane et Daniel Labbé

Remerciements à Madame Jeanne-Yvonne SIMON, la soeur Marie-Thé de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit, le Musée de Saint-Brieuc et Monsieur Albert PENNEC.