Le bouton bigouden

Ici une description plus fine de la photo !

Les boutons du pays bigouden ont leur place dans nos pages du "késako": ils méritent une attention particulière par leur originalité.

Ils ont une forme ronde avec un diamètre pouvant varier de 14 à 22 millimètres. 

Ce type de bouton ne se rencontre en Bretagne que dans le pays bigouden, où un art décoratif singulier s'était particulièrement développé au XIXème siècle chez les brodeurs de Pont-L'Abbé.  

Ces boutons bigoudens devaient avoir une grande valeur financière et même affective, puisque nous les retrouvons cités dans les transmissions d'héritage.

Présentation du bouton bigouden

Présentation du bouton bigouden
Boutons sur chupenn et korf-chupenn
Les modes au fil du temps
Bouton bigouden (coll. x)

Le décor sous verre

Sous un verre clair bombé maintenu par un cerclage en métal cuivreux, nous observons une composition à base de paillons d'ornement.

Les paillons sont de très fines feuilles de métal brillant découpées de motifs trilobés et ils ont comme objectif de donner à ce décor un éclat, un aspect miroitant, une fragmentation de l'image et des effets hypnotiques.

Les modes au fil du temps
Détail d'un décor en paillons

Les paillons

Les paillons d'ornement sont encore utilisés aujourd'hui. En or ou en argent, ils sont appliqués en creux ou en relief sur l'émail d'un bijou pour raviver son éclat.

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Culot d'un petit bouton bigouden vers 1880-1890

Le culot

Ces boutons comportent un culot plat en alliage ferreux avec une queue Oméga en laiton.

Sur ce culot, nous voyons un marque estampée du fabriquant partiellement lisible (* R.L. & Fre * PARIS). Il s'agit du fabricant de boutons ROULINAT-LEMESLE et Frère au 55 rue Turbigo à Paris 3ème, avec ateliers au 16 avenue Claude Vellefaux à Paris 10ème, actif entre 1879 et 1894 et repris ensuite par ROULINAT frères et PRADIER.

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(le bouton rose est celui du jiletenn)

Les boutons sur le chupenn et le korf-chupenn

Le costume bigouden masculin a très peu évolué depuis le début du XIXème siècle jusqu'à l'entre deux-guerres, à l'inverse du costume bigouden féminin.

Les boutons du jiletenn, gilet croisé à double boutonnage, n'avaient guère de spécificité locale, ils étaient en verre cerclé de métal cuivreux ou en tombac ou étain estampé. Jamais percés, ils présentaient leur surface lisse plus ou moins décorée.

Par contre, sur le chupenn et le korf-chupenn, double veste ouverte, les boutons bigoudens étaient alignés et regroupés par deux ou par trois. 

Ils n'avaient plus la vocation de fermer le vêtement, mais uniquement de le parer. Le bouton bigouden était donc devenu un bijou.

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Bouton à décor peint sous verre (fin XVIIIème)

Mode française des décors sous verre

Les boutons à décor sous verre semblent une invention française, qui consiste à insérer un motif entre une lamelle de verre et une monture métallique.

Ainsi, les clients, même les moins fortunés, faisaient placer, sous verre, de petites gravures coloriées ou encore des miniatures. 

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Bouton dit à la Buffon (fin XVIIème)

Le décor à la Buffon

Dans le même ordre d'idée et dans le vestiaire civil masculin, nous connaissons aussi les boutons dits "à la Buffon", 

Le décor était composé de coquillages, d'insectes, de mousses ou d'herbes séchées, de tout ce qui faisait partie de l'Histoire Naturelle, telle que décrite dans les ouvrages du Comte de BUFFON parus entre 1749 et 1789.

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Bouton à rébus (fin XVIIIème)

Autres décors sous verre

Les boutons à décor sous verre pouvaient également présenter un rébus, un message, une affirmation politique ou encore des symboles religieux ou profanes connus des seuls initiés

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Les boutons en Bretagne

Nos boutons bigoudens semblent donc allier la technique des décors sous verre.et celle des paillons.

Le choix du bouton dans le vestiaire masculin breton tient compte de multiples critères, d'ordre esthétique, d'harmonie avec le tissu, d'affirmation sociale , de conviction religieuse ou politique et ces boutons peuvent être également représentatifs d'une corporation ou d'un certain territoire.

Dans certains terroirs de Bretagne, l'ornementation semble avoir largement supplantée la fonctionnalité initiale de fermeture du vêtement.   

De même, le bouton apparait presque exclusivement réservé au vestiaire masculin. Il se montre discret et fonctionnel dans le vestiaire féminin.